Les sponsors sont de plus en plus nombreux à parier sur le foot féminin. Et ils misent de plus en plus gros. En témoigne le récent engagement de la Barclays pour les clubs de la Women Super League (WSL). Pour la saison 2022-2025, la banque a carrément doubler la mise en mettant sur la table près de 30 millions d’euros. Auxquels viennent s’ajouter les 8 millions apportés par Sky Sports et la BBC. Bref, le football féminin, ça ne rigole plus. C’est désormais du lourd. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Les structures fédérales évoluent en conséquence, les clubs avec une équipe féminine se multiplient et les salaires des joueuses les plus talentueuses commencent à grimper.
Sommaire
Pourquoi les sponsors s’intéressent-ils au foot féminin ?
L’engouement du public pour le foot féminin
On peut le dire sans trop risquer d’être contredit, mais l’engouement pour le foot féminin date, en France, de 2019. Cette année-là la coupe du monde du foot féminin a eu lieu, en France, pour sa 8ème édition. Et les français se sont passionnés pour leur équipe féminine. Chaque fois qu’elle a joué, les stades ont été plein à craquer.
Mais, cet engouement n’est pas seulement celui des spectateurs. C’est aussi celui des téléspectateurs. Lors de cette coupe du monde, ils ont été près d’un milliard, au total, à suivre les différents matchs. Bien plus que lors de la précédente édition au Canada.
L’intérêt des sponsors pour le foot féminin
Arkema, un sponsor de poids
Evidemment, un tel engouement n’est pas passé inaperçu des habituels partenaires financiers du sport français. Ainsi donc, Arkema a très vite “dégainé” pour occuper une place de choix dans le sponsoring du foot féminin français.
Arkema, c’est un des leaders mondiaux dans la fabrication des matériaux de spécialité. Son chiffre d’affaires annuel avoisine les 8 milliards d’euros et le groupe qui occupe plus de 20 000 salariés est présent dans 55 pays.
Par suite, dans la foulée de la coupe du monde, Arkema a passé un contrat de “naming” avec la FFF. De ce fait, la D1 féminine a été baptisée D1 Arkema. Et cela, pour trois saisons, à compter de la saison 2019-2020.
En contrepartie, Arkema s’est engagée à verser à la FFF près de 1 million d’euros par saison. Sur ce million, 200 000 euros sont retenus par la FFF, le solde est, quant à lui, réparti entre les différents clubs de la D1. Ce qui représente environ 80 000 euros par club.

Ce qui est peu, finalement, même si, comme le dit si bien Vincent Cottereau, Directeur Sponsoring d’Arkema :
Le sponsoring du football féminin est un levier majeur. D’autant plus que pour la notoriété de la marque employeur, investir dans le sport féminin, c’est très bénéfique.
Les sponsors autres qu’Arkema du foot féminin
D’autres sponsors du foot féminin français ont fait le même raisonnement. Citons, notamment, Carrefour, le Crédit Agricole, le PMU, et surtout, Point P, la filiale de Saint Gobain.
Pour celle-ci, il s’agit même d’aller plus loin qu’un simple accord de sponsoring. Point P, dont près du quart du personnel est féminin, veut faciliter la reconversion après foot des joueuses sélectionnées par elle grâce, entre autres, à une plateforme dédiée.
A noter que pour Point P, il s’agit, en quelque sorte, d’un retour aux sources. En effet, Point P n’est revenu en tant que partenaire officiel de la D1 Arkema qu’au mois de septembre dernier ; après une absence des pelouses de foot de plusieurs années.
Le sponsoring du foot féminin français encore en retrait
Pour autant, comme l’a fait remarquer Corinne Le Sommer, l’attaquante de l’Olympique Lyonnais, au retour de son prêt au club américain partenaire de l’OL, le OL Reign, dans lequel joue Megan Rapinoe, le foot féminin français peut mieux faire en matière de professionnalisation.



Ce ne sont pas les joueuses de foot britanniques qui diront le contraire. Elles, qui viennent de bénéficier, en tout cas, via la WSL, du doublement, à 30 millions d’euros, du sponsoring de la Barclays. Là, on est loin des sommes, certes respectables, alignées par Arkema et Point P.
Comment s’organise le foot féminin ?
Rôle du Président Noël Le Graët
Sous l’impulsion de son président, Noël Le Graët, la FFF a boosté l’émergence du foot féminin au niveau national. Elu pour la première fois en 2011 à la tête de la Fédération, Noël Le Graët, a été réélu en mars 2021, à l’âge de 80 ans, pour un nouveau mandat de 4 ans.
Depuis sa prise de pouvoir, le nombre de licenciées féminines a doublé. Elles sont désormais plus de 200 000, soit un peu moins de 10 % de l’ensemble des licenciés, à jouer dans un peu plus de 3000 clubs sur un total de 14 000.
Rôle de Brigitte Henriques, vice-Présidente déléguée de la FFF
C’est à Brigitte Henriques que revient, notamment, la responsabilité de mettre en œuvre la politique “féministe” de la FFF. Elle anime, entre autres, le programme intitulé “Club des 100 femmes dirigeantes de la FFF“.



Preuve s’il en est besoin de la réussite de ce programme, on compte actuellement 325 dirigeantes dans les 22 ligues et les 91 districts. Par ailleurs, de nombreuses femmes occupent des fonctions de poids au sein de l’organisation française du foot.
On peut citer ainsi, les 966 arbitres féminins, les 1590 éducatrices, près de la moitié du personnel salarié, et pour finir, la direction générale elle-même de la FFF qui est assurée par une femme, Florence Hardouin.
Les solides perspectives du foot féminin
Un des meilleurs signes que le foot féminin français se porte bien, c’est le 3ème rang mondial qu’occupe l’équipe de France féminine. Certes, elle a du s’incliner devant la talentueuse équipe de “soccer” américaine, emmenée par la brillantissime Megan Rapinoe, lors de la coupe du monde de 2019, mais déjà la relève est en route.



En effet, 8 pôles espoir féminins, U16 – U18, préparent actuellement 180 joueuses à être les championnes de demain. Ces pôles espoir sont situés à :
Combien gagnent les meilleures joueuses de foot ?
Quand on regarde les rémunérations annuelles des 10 meilleures joueuses professionnelles au monde, on ne peut qu’être frappé par leur modestie par rapport aux rémunérations des 10 meilleurs joueurs professionnels.
C’est ainsi que l’éventail des rémunérations des joueuses de foot va de 200 000 euros brut pour Lucy Bronze, qui joue pour l’OL et qui se situe au 10 ème rang des joueuses les mieux payées au monde, à 480 000 euros brut pour Samantha Kerr, qui joue pour Chelsea et qui se situe au 1er rang.
On est donc loin, très loin même, des sommes souvent faramineuses encaissées par les joueurs professionnels masculins qui sont tout en haut de l’affiche.
Cela dit, les rémunérations des joueuses pro, même si elles peuvent paraître modestes, elles n’en restent pas moins significatives. D’autant que si la tendance, favorable au foot féminin, observée ces dernières années se poursuit, elles devraient augmenter de manière conséquente.
Pour une bonne et unique raison, c’est que la rémunération des joueurs de foot, féminins ou masculins, dépend directement de ce qu’ils rapportent en billetterie, produits dérivés, droits audiovisuels, et bien sûr, sponsoring.
Faire carrière comme joueuse pro ?
On vient de le voir, avec l’organisation de la FFF favorable aux joueuses et l’augmentation de la rémunération des meilleures d’entre elles, faire carrière comme joueuse pro, c’est possible.
Mais, le planète foot est encore largement masculine. Et comme le dit une des jeunes joueuses interviewée par France 3 à l’occasion de son documentaire “Attaquantes “:
C’est pas toujours évident d’être une femme dans le milieu du football. Mais, il faut savoir faire sa place et le football reste le football.
Que le meilleur, ou plus exactement, que la meilleure gagne !